Beaucoup de petits canadiens ont appris la langue seconde à travers un manuel intitulé Conversation anglaise (ou française) à l'aide de l'image, au cours de leurs études primaires. Ce volume contenait vingt-quatre leçons, toutes illustrées par un tableau. Tableaux qui nous font aujourd'hui rêver à notre enfance idéalisée.
Ces manuels, en circulation au Québec de la fin des années 40 jusqu'au milieu des années 60 du XXe siècle, sont passés dans la mémoire collective sous le sobriquet de John and Mary going to school. Leurs images respiraient le bonheur et la sérénité des Fifties et nous apparaissent comme un retour nostalgique à un monde sans préoccupation.
Vous reverrez donc ces tableaux, chacun accompagné d'un texte qui n'a plus rien à voir avec l'apprentissage de la langue seconde. Mais, à bien y penser, John & Mary peuvent encore nous apprendre certaines choses qui étaient contenues dans ces tableaux, et pourquoi pas un destin antithétique?

jeudi 9 juin 2011

John and Mary shooted by creazy cops

Policiers et cadavres de Bonnie & Clyde


JOHN AND MARY SHOOTED BY CREAZY COPS


Qu'est-il arrivé à John & Mary depuis que nous les avons quittés à la dernière des vingt-quatre images du manuel Conversation anglaise? Vingt-quatre images chrono? Vingt-quatre images secondes: c'est le rythme de la séquence filmique. En vingt-quatre images, une seconde d'une vie est enregistrée. Les auteurs et illustrateurs du manuel nous donnaient un instantané de l'enfance. Vingt-quatre images qui s'achevaient on a golden pond, au moment des vacances d'été de la famille de John & Mary. Puis après, plus rien. Le manuel rédigé par Albert Filteau et Charles Villeneuve pour enseigner les langues secondes aux petits canadiens et illustré par une équipe (Roy Dyer, Charles David, Joseph Lebrun, Julien Délorme et Rhéal Paul) était un modèle de représentation de la vie nord-américaine aux lendemains de la guerre, au moment où la société de consommation - l'American Way of Life - était sur sa lancée, prête à réaliser l'American Dream d'une société de l'abondance qui visait désormais rien de moins qu'à conquérir le monde.

Le monde de John & Mary était donc celui de l'immédiat après-guerre 39-45 en Amérique du Nord, la décennie des Fifties. Cette Amérique vivait encore dans les décors que le cinéma avait dessinés à travers ces films du temps de guerre, ces feel good movies dont Et la vie continue de William Saroyan qui se situait à Ithaca, une de ces villes natales «des rêves de la petite bourgeoisie américaine: composée de spacieuses maisons blanches à bardeaux, avec de vastes vérandas, des rues d’un blanc éclatant, et des boutiques aux vitrines accueillantes, une place pittoresque où l’on peut jouer au lancer des fers à cheval par une paisible soirée d’été, une bibliothèque de la taille d’une petite cathédrale, un lycée archétypal avec des professeurs corpulents qui dédiaient toute leur existence à inculquer la vertu. Ses citoyens étaient industrieux, religieux, bien propres et honnêtes. Même s’ils étaient issus de différentes classes, d’origines ethniques diverses, ils étaient liés par un sens plus large, presque spirituel de la famille…» (1) Ce monde idéalisé d'Ithaca de Saroyan allait devenir celui du roman de Grace Metalious qui raconte la vie privée de trois femmes dans une petite ville de la Nouvelle-Angleterre, au temps de Pearl Harbor: Peyton Place. Publié en 1956, le roman fut ce qu'on appelle un best-seller, vendu en plus de 60,000 exemplaires dans les dix premiers jours, et resta à la tête du palmarès du New-York Times durant 59 semaines! Il fut rapidement adapté pour le cinéma en 1957 et en série télé de 1964 à 1969. Peyton Place est un composite de plusieurs petites villes modèles américaines et l'époux de Grace, George, suggéra d'abord le nom de Potter Place, petit site de la banlieue d'Andover au New Hampshire. Ils consultèrent un atlas des États-Unis et trouvèrent un bled du nom de Payton au Texas. Échangeant un «a» pour un «e», l'affaire était ketchup. Sous les apparences de la petite ville morale et patriotique, l'intrigue consistait à y semer dans les placards des heureux résidents des squelettes plutôt vilains.

En quoi consistaient ces squelettes? Rien que de la banalité si on mesure ces intrigues à ceux de nos modernes romans de mœurs. On y retrouvait, ais-je dit, comme par hasard, trois femmes, seules et refoulées. Constance MacKenzie, sa fille illégitime Allison et son employée Selena Cross, une fille provenant «de l'autre bord des tracks», car Peyton Place, comme toute les petites villes américaines, voyait son côté huppé séparé de son côté pauvre et sordide par la voie de chemin de fer. Là, les belles maisons avec véranda, ornées de belles pelouses avec de larges avenues séparées des trottoirs par une bande de verdure et d'arbres, respiraient le bonheur tranquille de la vie américaine. La paix urbaine. Ici, les taudis, les maisons de bois laides, sordides, avec des rues étroites et mal entretenues et aux trottoirs lézardés. L'objectif des auteurs consistait à montrer comment ces femmes finissaient par faire le nettoyage de leur placard et à confronter leurs squelettes afin d'assumer leur propre identité en tant que femmes ayant des attentes sexuelles et la manière de les vivre dans ce milieu supposément ordonné et harmonieux. Dans une Amérique puritaine, mettre à l'évidence les problèmes sexuels des femmes, c'était précéder Playboy dans sa vanité creuse d'avoir été le porte-étendard de la révolution sexuelle aux États-Unis.

Évidemment, Peyton Place, c'était l'hypocrisie, les inégalités sociales, les privilèges de classes, bref la matrice sociale propre à la bourgeoisie (grande et petite) d'où naissent les intrigues les plus sordides: inceste, avortement, adultère, le désir sexuel qui se transforme en luxure et en meurtre. Le succès du roman, puis des deux films qui en furent tirés, et enfin des séries télé qui prirent la relève, fit de «Peyton Place» le synonyme d'une communauté dont les habitants dissimulaient tous de sordides secrets. Inutile de dire que chaque communauté américaine pouvait être qualifiée de Peyton Place par une voisine jalouse, qui, elle-même couvait des fièvres tout aussi terribles. Il n'y eut jamais de concours à travers les États-Unis pour savoir qui sera la Peyton Place de l'année tant, faut-il penser, que chaque petite communauté américaine pouvait également se reconnaître dans les épisodes de Peyton Place.

Soixante-dix ans plus tard, Peyton Place est devenue Fairview, l'endroit où se déroulent les intrigues des Desperate Housewifes, les Beautés désespérées. De trois nous sommes passées à quatre femmes dont la vie mouvementée contredit le calme paisible apparent de Fairview. On y retrouve, comme dans le roman des années cinquante, le bovarysme des banlieusardes, mais Susan Mayer, Lynette Scavo, Bree Van De Kamp et Gabrielle Solis n'ont pas les mêmes types de frustrations que celles des femmes de Peyton Place. De plus, leur squelette parle: il (ou plutôt elle) se nomme Mary Alice Young et s'est suicidée et, d'outre-tombe, commente les mésaventures et sert de narratrice à chaque épisode de la série. On le voit, les Desperate Housewifes ont un humour qu'on ne retrouvait pas dans Peyton Place. Le milieu social, toutefois, n'a guère changé. Il s'agit toujours de femmes appartenant à la classe moyenne, vivant dans des banlieues proprettes de grandes villes. Les tracks ont disparu et l'espace s'est réduit à une seule rue, Wisteria Lane, autrement dit Hysteria Lane.

La nature des intrigues n'a, elle non plus, guère changée. Adultère, homosexualité, nymphomanie, échangisme, agence d'escortes, meurtre et esprit criminel, seul le ton a monté dans le sordide, proportionnellement à sa baisse au niveau de la critique sociale. D'où la nécessité d'ajouter l'humour et le surnaturel à une lourdeur de l'existence qui rendrait Peyton Place insupportable aux banlieusardes des Desperate Housewifes. John & Mary auraient bien quitté Peyton Place en 1949 s'ils avaient été conscients que Papa et Maman cachaient de vilains cadavres dans le placard de leur chambre (qu'on ne vit jamais sur aucun des vingt-quatre tableaux de la série), tant la chambre des parents demeure cet endroit sombre où se sont commis quelques crimes dont les résultats se sont appelés, précisément, John et Mary! En 2004, John & Mary, non seulement voudraient rester à Fairview mais échangeraient volontiers leurs secrets de polichinelle avec leurs amis de Wisteria Lane. Les secrets ne sont plus de mises entre amis. Voilà peut-être toute la distance qui sépare le Volksgeist de 2004 de celui de 1954. Hormis ce point, il faut convenir que l'hystérie féminine, depuis les temps où les Parisiens se rendaient à la Salpêtrière observée les «fous» jusqu'aux séances du docteur Charcot, a toujours fait vendre beaucoup de ticket dans les salles de spectacles…

Malheureusement, il en a été autrement.

Car le syndrôme Peyton Place (ou Wisteria Lane) est un John & Mary going to school pour adultes avertis, 18 ans et +. Les squelettes ne restent jamais dans les placards bien longtemps, car si nous les conservons dans un placard, c'est précisément parce qu'un jour, nous voudrons bien les ressortir. Cette métaphore spatiale de l'inconscient et de ses aléas (le refoulement, le défoulement, les perversions et les névroses) est propre à la culture nord-américaine. Ses romans et ses nouvelles, son théâtre et son cinéma ne cessent de nous inviter à assister à l'ouverture d'une porte qui donne sur un placard d'où sortiront fœtus avortés, handicapés physiques et mentaux suites à une tentative d'avortement manquée, pédérastes incestueux, petite bonne violée par Father knows best et autres choses pas très jolies mais ô combien juteuses! Nous lisons ces romans et mordons à ces films précisément parce que nous voulons savoir ce qu'il y a dans le placard, comment ou par quels mécanismes ces choses sortiront-elles du refoulé et quel sera l'issu de la confrontation du caché et du montré: divorce, suicide, réconciliation? Tel était le véritable univers de John & Mary going to school. Nous, en tant qu'enfants, nous l'ignorions et lorsque l'adolescence ou la vie adulte nous ont restitué les secrets de la maison, nous avons, à la fois, perdu notre âme d'enfance et nos rêves d'adolescents. Voilà pourquoi, dans les années soixante, John & Mary devinrent hippies, entre le mezcal et les magic mushrooms; dans les années soixante-dix en clinique de désintoxication, dans les années quatre-vingt en addictes d'informatique, mariés avec une famille; dans les années quatre-vingt-dix divorcés, en dépression, cocaïnomane pour l'une, héroïnomane pour l'autre, les enfants en famille d'accueil et sur ritalin. Comment une si bonne éducation a-t-elle pu en venir à un tel aboutissement de détresse morale et de désertion sociale?

Sans doute Grace Metalious, écrivant la vie de John & Mary tracerait-elle la descente aux enfers puis la rédemption. Pour une scénariste catholique, ça donnera le film Gerry, mais la rédemption par la souffrance n'est pas un thème de l'Amérique WASP. Ici le vieux calvinisme fataliste de la prédestination joue sans aucun ressort déclencheur. Tout était inscrit déjà dans le (ou plutôt) les tableaux. John & Mary, c'est plutôt Bonnie & Clyde, avec ou sans inceste. La confrontation de l'impuissance masculine et de la nymphomanie féminine (the dog and the cat, les allégories animalières sont déjà dans les tableaux pour nous prévenir), conduiront aux crimes mineurs, à la débauche, au viol, enfin au meurtre, et la justice vengeresse leur rappellera qu'on ne niaisait pas avec le bien et le mal à Peyton Place. L'univers idyllique des tableaux de John & Mary possède en soi l'envers de l'éden qui y est outrageusement étalé.

Faisons un rapide tour d'horizon avant de nous arrêter sur chacun d'eux: tout commence par les parties du corps. John & Mary font leurs exercices physiques, comme s'ils étaient déjà des addictes de la bonne santé de Wisteria Lane. Autour d'eux gravitent, comme dans un cauchemar à la Dali/Hitchcock, des morceaux d'anatomie dont certains ont été judicieusement écartés. L'homme-machine de La Mettrie nous donne donc une première leçon. Dans le second tableau, nous voyons John faire sa prière et Mary sortir de la salle de bain! Comment la porte de la salle de bain que doit traverser une honnête jeune fille de Peyton Place passe-t-elle directement dans la chambre d'un garçon? Que d'occasions offertes… Dans le troisième tableau, Maman brosse le chapeau de John qui cire ses souliers pendant que son petit chien est …au pied de Maman. Les vêtements de John sont déjà ceux de son père, pour ne pas dire que les vêtements de son père sont déjà ceux de John. Vous vous souvenez de la parabole: les raisins mangés par les pères verront leurs noyaux agacer les dents des enfants? Le tableau suivant montre Mary reprisant sa chaussette alors que Maman (il n'est pas question que ce soit Papa) range le …placard! Même leçon!

Puis, John & Mary sortent de la maison infernale. Les voici à l'Église (catholique ou anglicane) communiant pieusement avec Papa et Maman. Un autre beau dimanche plate s'annonce. Puis, c'est John and Mary going to school, qui est une leçon du cadre urbain. Ensuite, il sont at school, où John trace un O Canada vibrant au tableau noir. Le patriotisme est une manière de s'incruster dans l'esprit des enfants avec la carte du Canada et le globe terrestre sur le pupitre de l'institutrice. Puis, il faut bien s'amuser un peu, c'est l'édification du bonhomme de neige, avant de rentrer souper où Maman présente la dinde familiale pendant que la famille rigole en mangeant leur soupe. Le bonheur, en conserve, est instantané. Puis, John & Mary font leurs devoirs avant d'aller passer la soirée en famille, au salon. Mary joue du piano (elle a du talent) tandis que John joue avec son chien (attention à la masturbation!). Enfin, la belle saison est revenue et Papa et Maman aménagent le jardin tandis que John passe la tondeuse et Mary arrose on ne sait trop quoi. Fin de la première saison. To be continue.

Et il faut bien vieillir. Maman montre à Mary comment devenir une vraie petite épouse en faisant la cuisine. Après tout, ne prend-on pas son homme par l'estomac? Maman a sûrement lu l'Encyclopédie de la Femme de Michelle Tisseyre. Puis, c'est la visite du marchand de fruits et légumes ambulant. Le végétarisme était déjà dans l'air!, ne manque que le jugging! Ensuite, John & Mary élargissent leur horizon en se retrouvant à la ferme. Image bucolique d'une basse-cour et on épargnera les scènes de boucherie pour les jeunes esprits sensibles qui commencent déjà à désapprendre la brutalité de la vie rurale. Tout ce long parcours pour finir par se retrouver à l'épicerie où Maman montre à John qu'il faut payer son beau panier de fruits. Le marchand ambulant est en voie de perdre son job. Enfin, c'est Noël et Papa et Maman espionnent, coquins (sans fausses pensées?), Mary balancer sa poupée et John jouer avec son train et son avion. Papa et Maman sont déjà assurés d'une relève.

John est un sportif, ça on le sait depuis le début. Il joue au hockey et on entend René Lecavalier suivre le manuel pour retrouver les expressions françaises propres aux actions de la partie. Pendant ce temps, Mary et sa petite amie (!) «jouent» à la maison: l'une est à sa machine à coudre et l'autre manie le fer à repasser avec aplomb. Décidément, c'est là que nous apprenons la distinction sexuelle entre «game» et «play». Le tableau suivant nous présente la cuisine avec la famille réunie: une véritable pub de Brault & Martineau des années 50 pour le poêle et le réfrigérateur Bélanger! Et que d'armoires! John & Mary grandissent, le chien aussi, alors on se met en famille, sous la direction de Papa, à la construction d'une niche. Voilà ce que l'on fait, après la messe, les beaux dimanches plates! Tous les accessoires meurtriers avec lesquels Jason, de la série de films gore Friday the 13th, tuera les adolescents lubriques trente ans plus tard, gravitent autour du tableau de la niche. Décidément, même Monsieur Bricole a sa part d'ombre, tant il y a des niches qui servent aussi de placards! Et voilà que tout le monde se retrouve à l'érablière en train de boire à la chaudière le bon sucre qui préparera le diabète de leur vieillesse! On retrouve ensuite John qui du hockey est passé au baseball. Il ne joue pas car il s'est fait mal à la main, aussi a-t-il amené son chien pour lui tenir compagnie… Enfin, car toutes bonnes choses ont une fin, Papa et Grand-Papa taquinent la truite tandis qu'au loin, John & Mary se jettent à l'eau …pour de bon.

Quel avenir préparaient ces tableaux pour nos petits anges modèles?

Comme toujours, le diable se cache dans les détails, et plus ils sont petits, mieux il est caché. Dans la mesure où l'on considère qu'aucun destin n'est définitivement déterminé et que toutes les options sont ouvertes par la relativité, la génération des Baby-boomers ne pouvait interpréter les images de Conversation anglaise que comme à travers une boule de cristal. Les valeurs de Peyton Place, comme celles aujourd'hui de Desperate Housewifes, sont des valeurs transitoires appelées à se modifier au cours d'un rythme rapide et sans précédent avant la Seconde Guerre mondiale. D'un côté, il y a le modèle rêvé où l'existence sera heureuse, avec une croissance constante (sky is the limite) et la réussite professionnelle et familiale à l'image de celle des parents de John & Mary. De l'autre, il y a le réel vécu où l'existence, sans être malheureuse, n'est pas aussi jubilatoire qu'espérée. La croissance n'a pas été continue mais hachurée, entre des pointes de prospérité, souvent assez brèves, et des creux abyssaux plus longtemps durables. Si on passe rapidement sur la menace nucléaire associée à la Guerre Froide, on sait combien la crise du pétrole en 1973, la révolution conservatrice autour de 1980, la fausse sécurité apportée par l'effondrement du bloc soviétique, la flambée du terrorisme avec 2001, la crise économique de 2008 et maintenant le déplacement des centres économiques vers les pays émergents sont autant de ces pointes élevées que de ces abysses profonds. Le monde dans lequel vivront John & Mary ne sera plus celui de Papa et de Maman.

On peut deviner comment John & Mary sont devenus les Bonnie & Clyde de leur génération. Les deux délinquants des années 30 avaient suivis un parcours identiques, bien qu'issus de milieux moins favorisés que John & Mary. Ils avaient connu l'insouciance des années folles, la crise de 1929, le dust bowl du milieu des années 30, la fausse sécurité promise par le New Deal de Roosevelt, la montée des dictatures fascisantes, le triomphalisme économique américain. Le rêve américain était à portée de main, ou plus exactement au bout de leurs mitrailleuses. Les banques des petits bleds du centre-ouest s'offraient, les portes toutes grandes ouvertes. Les policiers étaient aussi violents et corrompus que les bandits qu'ils pourchassaient. La «brutalisation» du monde, au lieu d'être en voie de se résorber, s'acheminait progressivement mais sûrement vers l'hécatombe de 1939-1945. Là comme aujourd'hui, la rencontre du rêve et de la réalité s'est produite dans la conviction que si la vie n'était pas conforme au rêve, elle ne méritait pas d'être vécue. Lorsque la mort a partagé le rêve de la vie, les raisons d'exister se sont dissoutes comme la fumée ou les nuages sous la poussée des vents. John était devenu clochard au centre-ville et Mary se rendait en bicyclette travailler à la cuisine de l'hôpital, en plein centre-ville. Les policiers voulurent contrôler John qui était en état de panique à fouiller les déchets. Il sortit un couteau de sous son paletot. Sans hésiter les policiers dégainèrent et firent feu criblant le malheureux de balles. L'une d'elle ricocha et atteignit sa sœur Mary au moment où elle passait en vélo pour se rendre à son travail. Si vous ne croyez pas à ce récit de tragédie-bouffe, peu importe. Il arrive parfois que ce genre de chose arrive.

Ne restent plus qu'à apprendre les mots de vocabulaire nouveaux de cet issu sans bon sens:

cops = policiers.
shotgun = arme à feu.
shot wound = blessure par balle.
crime scene = scène de crime.
shot to death = tirer à mort.
serial killer = tueur en série.
robbery = vol, dévaliser.
madness = folie.
bullet = balle…

Notes:
(1) N. Gabler. Le royaume de leurs rêves, Paris, Calmann-Lévy, Col. Pluriel, 2005, p. 446.
 

Montréal
10 juin 2011

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