FISHING: A VACATION DAY
Fishing: a vacation day, en français, La pêche: un jour de vacances. Tel est le titre du vingt-quatrième et dernier tableau de la série conversation anglaise. Il n’y a pas grand chose à rajouter à ce qui a été dit des précédents tableaux. La famille Martin, élargie cette fois aux grands-parents, sont au chalet sur le bord du lac, vacance idéale pour John & Mary qui en profitent pour faire trempette dans les eaux du lac en compagnie de leur cousin. Pendant que monsieur Martin et son père taquinent le poisson (oh! la belle prise), sur la véranda, madame Martin, la grand-mère et l’oncle Henry prennent le soleil. Tout autour du lac, sur des monticules aménagés, tout un ensemble de petites villas quasi identiques, à toiture rouge, sont distribuées en alternance à droite et à gauche. Deux canots, un voilier font des eaux du lac une sorte de rue de banlieue vénitienne. Le ciel est chargé de cumulus heureux, la vie est belle, et c’est là que s’arrête le cycle de John & Mary.
Lorsque j’avais six ou sept ans, mon père m’emmena une fois à la pêche, à Iberville. Il n’y avait plus que des crapets sur les rives du Richelieu, mais on parvint à pêcher une barbote je crois, que ma mère fit cuire. Rien de passionnant. On pêchait sur le bord de l’eau et il aurait fallu louer une chaloupe pour aller un peu plus au centre de la rivière, ce qui aurait sans doute terrifier ma mère. Alors, on est resté sur la rive, et on a pris ce qui déviait le long des fonds peu profonds. Là non plus, il y avait peu de ressemblance avec la partie de pêche des Martin. Pourtant, la chaloupe du père Martin ne s’est pas très éloignée de la rive rocailleuse. Faut-il croire que ce lac est poissonneux qui fait de chaque prise une pêche miraculeuse? Décidément, les Martin sont protégés par les dieux! À moins que la journée se termine par une tragédie: le petit cousin qui se noie? Ou John? Ou Mary? En tout cas, rien ne laisse présager l’épouvantable à la fin de cette journée. Les nuages orageux qui couvraient le ciel dans la retouche du tableau Mary and John going to school se sont dispersés. Le danger s’éloignant, l’angoisse s’évapore, comme les eaux sous le soleil d’été.
Pourtant, cette étrange perspective différencie le tableau 24 de tous les autres. Pour une bonne raison, ses lignes de forces sont circulaires et non perpendiculaires comme dans les autres tableaux. Ici, le point central du cercle ouvert commence au quai où sont les enfants, la courbe suit le long de la rive pour tourner vers la chaloupe des Martin, puis, sortant du tableau, revient sur la rive opposée, entre la chaloupe et la maison et se poursuit de l’autre côté du lac en passant par la troisième chaloupe et le voilier pour surmonter la maison derrière celle des Martin. En fait, la dynamique du tableau suit celle d’un cercle ouvert, un vertigo dont le point central est bien le quai où se baignent les enfants. Derrière les eaux calmes du fleuve, là où sont les enfants, se situe l’œil du remous, l’œil du maëlstrom. Pas étonnant que le poisson soit repoussé en périphérie du tourbillon, vers la chaloupe des Martin.
Certes, le mouvement est dissimulé derrière l’aspect paisible et estival de la scène. Les eaux du lac sont calmes, même pas poussées par un quelconque vent. Celui-ci, si on se fie aux feuilles des arbres, en haut, à gauche, est tout simplement mort. Le ciel est dégagé de nuages, à part les cumulus de beaux temps déjà notés et aucune vague ne vient se heurter à la coque des chaloupes en arrière-plan. Du manque de vie propre aux tableaux de conversation anglaise, nous avançons un pas de plus en pressentant que ce climat de confiance cache bien une mort annoncée.
What dose this picture represent? demande le professeur, et l’élève de répondre: That picture represents a vacation day. Un jour de vacance, le seul peut-être de tous les tableaux du manuel, est un jour où tout s'arrête. Une bombe atomique exploserait, au fond du tableau, derrière le voilier, et l’ensemble de l’image resterait aussi fixe qu’elle l’est dans le manuel. Par où, toutefois, trouver le lieu de passage entre la journée de congé et la fin du monde? Par l’étrange inquiétude que jette ce tableau dans l’œil de l’observateur qui se demande pourquoi le poisson est le seul à s’agiter dans la scène. En effet, Mary & John peuvent bien se préparer à sauter à l’eau pour rejoindre leur cousin qui nage vers le quai, mais, comme à l’habitude, ils sont figés dans leurs mouvements. Quelque chose saisi le temps. Les humains, les mouvements, les feuilles dans les arbres qui ne bruissent plus, les maisons déjà disposées, toutes pareilles avec leur identique toit rouge en une uniformité qui dépasse la standardisation. Enfin, dominant l’ensemble du tableau, l’un de ces champignons atomiques que le cumulus représente et qui apparaît couramment, dans certains volumes scolaires de la même époque, et auxquels on associe même les péchés capitaux.
Est-ce à dire que les vingt-trois tableaux précédents menaient à cette apocalypse ou l’Attente de Œlze, que nous évoquions dans le tableau 5, se produit, enfin, au vingt-quatrième? La venue de l’apocalypse se confirmerait-elle dans le cumulus qui se dresse au loin, à l’horizon, le souffle de l’explosion emportant, en ondes répétées chalets, chaloupes, vérandas et quai, précipitant les enfants dans l’œil du chaos? Et que dire du reflet du ciel dans l’eau. Au-delà du quai, l’eau est blanchie par la réflection des nuages; plus près des pêcheurs, l’eau devient plus foncée, plus sombre aussi, comme lorsque nous nous élevons dans le ciel, en avion, et que nous sommes au-dessus des nuages et plus près de la stratosphère. Comme dans ces films américains pris au moment de l'explosion atomique expérimental d'Alamogordo en 1945, nous pourrions voir les chalets soufflés comme des châteaux de cartes, sans même nous étonner, tellement la disposition circulaire des lignes de force du tableau nous y invitent.
Véritable cuvette, comme à Nagasaki, le décor où se situe le lac où pèchent les Martin sert de caisse de résonance. Il s’agit de savoir si, des cris d’enfants ou des cris de terreur en émaneront et seront transmis en écho d’une montagne à l’autre. L’angoisse des Fifties, de l’inévitable conflit nucléaire entre les deux superpuissances ennemies, se diffusait non pas sous le signe de la panique, comme lors des sirènes annonçant les bombardements ou l’approche d’une escadrille aéroportée ennemie, mais sous celui de l'anxiété intérieure. Hiroshima et Nagasaki ont bien enseigné qu’aucune précaution pour les bombardements ordinaires ne servait à protéger contre l’impact du soleil noir ou même des retombées atomiques après l’explosion. Comme dans l’Enfer de Dante, ceux qui seront saisis sous le grand champignon peuvent abandonner désormais tout espoir.
Cet inévitable issu, après deux guerres mondiales qui ont conduit l’humanité occidentale au seuil de l’anéantissement, ne laissait que peu d'espérance en l’avenir. Derrière la joie de vivre des Fifties - et la sombre mélancolie dans laquelle allait s’achever les Sixties devait le prouver -, se cachait bien la fatalité des résultats d’un affrontement où personne ne sortirait vivant ou indemne de la destruction de masse. Inconsciemment, plus que consciemment, la lourdeur de la menace pesait sur les épaules de tous et chacun. Si Peyton Place faisait un drame d’une femme élevant sans mari son enfant non désiré, si un avortement ou un abandon d'enfant pouvait être considéré comme un péché mortel et sans rémission, c’est que même chaque peccadille pouvait devenir porteur d’un drame universel qui se préparait. Chaque faute commise était une justification divine de plus de détruire le monde.
Alamogordo, juste avant l'expérience de la première bombe atomique |
truction de Sodo-
me et Gomor-
rhe épargna Lot et sa famille, mais rendu à la Tour de Babel, si les hommes ne moururent pas, du moins cessèrent-ils de se comprendre, et surtout de s’entendre. Le potentiel de destruction était à partir de ce moment contenu dans cette incompréhension même. Dans une conception tragique de l’Histoire émergeant de la déchristianisation et de l’abandon morale à la suprématie technicienne, il n’était d’autres espoirs que ceux mis au service de l’équilibre de la Terreur. La fin de la confiance en l’humanisme, de l’investissement dans l’amélioration de la condition humaine, de l’inutile tendresse à apporter par souci aux autres, il n’y avait plus que la brutalité, même «douce», qui menait à la raison du plus fort. C’est ce que raconte tout drame de Peyton Place. La raison du plus fort est celle de la pensée unique dirions-nous aujourd’hui, de la pression sociale unidimensionnelle comme l’expliquait, à l’époque, Herbert Marcuse. La soumission des volontés à la dictature démocratique des institutions du pays. L’équilibre de la terreur tuait l’esprit, voire l’instinct de liberté en chacun des membres de l’humanité. Les masses s’organisaient contre l’individu, contre son autonomie, contre sa volonté, contre sa créativité. Et plus elles le menaçaient, plus l'individu faisait son jeu en s'isolant dans son domaine privé, l'isolisme qui ouvre sous forme d'a pori à la licence et au liberticide. L’extinction de cet esprit créatif remarquée tout au long de l'analyse de nos tableaux était le résultat de cette confrontation entre le pot de fer publique et le pot de terre privé.
Aux anciennes dominations cléricales ou morales, les nouvelles s’abandonnaient, de préférence, à l’hédonisme, aux plaisirs comme palliatifs à une mort certaine, prochaine et inévitable. Le stoïcisme des chrétiens et des humanistes qui véhiculait des notions désuètes depuis la Grande Guerre de 14-18: chevalerie, honneur, dignité, magnanimité, droiture, fidélité, s’effaçait pour ne plus laisser place qu’à des notions morales équivoques: opportunisme, relativisme, encanaillement, parti-pris, versatilité, inconstance. Ces valeurs, qui étaient présentées comme négatives dans les Fifties, devaient acquérir leurs «lettres de noblesse» au cours des Seventies. Comme qui veut noyer son chien l’accuse d’avoir la rage, qui voulait justifier ces traits moraux négatifs n’avaient qu’à en appeler à la finitude humaine, qu’à la destruction irrécupérable prochaine, qu’à la fragilité de l’humanité dans l’immensité de l’univers, etc. À partir de ce moment, tout devenait acceptable, pour son plaisir, y compris celui de sauter à l’eau, comme de «sauter» avec la bombe. Qui n’a pas vécu dans les Fifties ne saura jamais ce que sont les délices de l’angoisse sans espérance.
À moins qu'il vive à notre époque… Dans les Fifties, il était possible de continuer d’aller à l’église, à l’école, au bureau, faire des bonshommes de neige, fêter les anniversaires, faire ses devoirs le soir, passer le reste du temps en famille, à écouter la grande sœur jouer du piano, aller les fins de semaines au chalet cultiver le jardin, apprendre aux filles à faire la cuisine, payer ses fruits au peddler, faire une visite de temps à autre à la ferme de l’oncle George, d’acheter ses produits à l’épicerie, de prier le matin, de ranger ses vêtements, d’entretenir la cuisine, de construire une niche pour le chien, de jouer au baseball l’été et au hockey l’hiver et de se sucrer le bec à la cabane à sucre, de pratiquer ses exercices physiques, d’écouter en classe, en fin de prendre des vacances, au bord du lac, l’été. Tout ce que nous présentait les tableaux de conversation anglaise n’était que la façon de passer le temps en attendant… On apprenait à vivre, mais sans trop y investir d'affects. Apprendre que vivre, c'était d'abord se centrer sur soi, sur ses valeurs, ses désirs, leur réalisation sans trop insister sur la moralité des moyens employés. Les choses allaient comme ça, voilà!
Comment pouvait-on transmettre une vision inconsciente si sombre, comme si la mort dominait par-dessus tout les forces de vie? Pour le comprendre, il faut regarder, et surtout entendre les discours qui proviennent autant de la minorité dominante que des minorités créatrices ou contestataires. Certes, la bombe atomique et l’équilibre de la terreur ne jouent plus aujourd’hui le rôle qu’ils jouaient au cours des Fifties. À la place, l’équilibre écologique a remplacé l’angoisse de jadis en déposant sur un plateau la nécessité d’une économie capitaliste chancelante, incertaine, et sur l’autre les effets du développement économique sur l’environnement de la planète qui ne cesse de voir ses espèces végétales et animales disparaître, non plus en termes de décennies mais en termes d’années. Dans un cas comme dans l’autre, personne n'en sort gagnant: la crise économique contre la sixième extinction d’espèces. La différence provient surtout de la réponse collective face à ces deux séquences historiques. Dans le cas où la bombe atomique imposait une paix suspicieuse, au cours des Fifties, la réponse était essentiellement réactionnaire, conservatrice, stoïcienne mais humaniste encore, pour ce qui en restait de crédibilité, mais surtout pragmatique avec l’investissement dans des industries domestiques, industries qui avaient, par deux guerres mondiales, prouvé qu'elles étaient la meilleure solution à des destructions massives, mais qui avaient pour contre-coup d'enraciner les individus dans leurs localités. Dans le cas où l’extinction des espèces biologiques impose un modus vivendi entre l’économie et l’environnement, la réponse est essentiellement libérale (ou néo-conservatrice), progressiste sans limites, hédoniste mais émotionnelle et opportuniste en croyant que les bonnes volontés finiront par triompher des défis insolubles. Voilà pourquoi nos optimistes cherchent des «énergies vertes» et «renouvelables», des moyens de réduire les gaz à effets de serres sans gêner la production, afin, précisément, de sauver l'économie telle qu'elle est et l'environnement avant que le saccage ne soit trop avancé. Dans un cas comme dans l’autre, l’attente de l’apocalypse se gargarise d’une bonne dose d’aceptie, un détachement pour les grands courants de pensée ou d’interprétation et une focalisation anxiogène sur des objets transitionnels (qui vont du teddy bear distribué par les Psy Squads aux sinistrés jusqu'aux amis que l’on doit (et non que l’on peut) rejoindre par i-phone à toute heure du jour ou de la nuit. Tout cela, le maëlstrom n’en fera qu’une bouchée le jour où l’effet coriolis entraînera la civilisation dans l'abysse de son arrière-existence.
Voilà pourquoi, des Fifties aux premières décennies du XXIe siècle, deux climats analogues se sont établis. Cette permanence structurelle, nous l’avons déjà souligné, se tient dans l’évolution même du système capitaliste, dans son dépassement de ses propres contradictions pour accéder à des synthèses essentiellement techniques et bureaucratiques. C’est la technocratie contemporaine que l’on retrouvait déjà dans le petit univers des cols blancs étudiés jadis par C. Wright Mills. C’est également un conservatisme qui évolue de la tradition au maintien intact de régimes politiques qui, même démocratiques, ne reçoivent plus aucune crédibilité de la part des citoyens, tant le cynisme et l’opportunisme des hommes et des femmes politiques ont avili les aspirations les plus généreuses. Déjà dans les Fifties, l’humanisme d’après-guerre, d’après Auschwitz et Hiroshima, n’exerçait plus aucune influence sincère parmi les stoïciens de l’éducation cléricale. D’où cette rage d’individualisme qui accomplissait le projet sadien du capitalisme: l’isolisme à l’intérieur de la cellule biologique de base: la famille. L'isolisme, que l'on voit agir tout au long des tableaux de conversation anglaise, participe de la désagrégation progressive non seulement de cette unité domestique et économique, mais est également l'agent promoteur de l'extinction des espèces. Au cours des Fifties, tous les drames des petits Peyton Places y prenaient racines, développements et conséquences (truth or dare). En vieillissant, les John & Mary des Fifties ont fini par comprendre que la vérité n’était pas de ce monde, peu importe où elle se logeait, alors le mensonge s’est érigé en norme. «Tout le monde ment», ne cesse de répéter le sympathique docteur House, car c’est bien la norme à laquelle tout le monde souscrit; des individus aux institutions, personne ne peut supporter la vérité tant elle nous écrase moralement. C’est alors que nous recréons l’essentiel de la caricature de la décadence de l’empire romain: du pain et des jeux. De toutes façons, les barbares ont déjà franchi les murs de la cité et se sont répandus parmi nous, et, alors que monsieur et madame Martin se montraient si fiers de leur progéniture, aujourd’hui, bien des parents bien intentionnés sont obligés de reconnaître dans leurs propres enfants, ces barbares qui consomment sans retenus et qui tout en se gavant de slogans écologistes, cultivent l’ignorance, la fatuité, la grossièreté et la bêtise, qui est le résultat de toutes les autres attitudes réunies.
Si dans le tableau 24, John & Mary s’apprêtent à se jeter dans l’œil du remous qui va emporter tout le tableau aux abysses de la civilisation, on comprend pourquoi leur destin ne pouvait être que celui supposé dans l’avant-tableau où nous les rapprochions de Bonny & Clyde. La déchéance des Baby-boomers se révèle par leurs succès mêmes, d’où le paradoxe de ne jamais voir où le bât blesse. Si, comme la génération du premier après-guerre, elle était passée de Caïphe à Pilate, c’est-à-dire des années folles aux années trente, du charleston et du jazz à Carmina Burana, nous aurions pu facilement énumérer la grosseur des bourdes entraînées par cette génération: l’équivalent de la crise de 29, de la montée des fascismes, de l’explosion du colonialisme, de la perte de contrôle des innovations mécaniques et techniques, l’urbanisme et la déshumanisation des sociétés de masse. Au contraire, à partir des années 50, c’est le triomphe complet sur toute la ligne: amélioration du pouvoir d’achat à tous les niveaux de l’échelle sociale, scolarisation et soins de santé démocratisés, élévation des grades scolaires, subdivision du travail dans plusieurs directions toujours sur-spécialisées, élargissement de l’inventaire des connaissances dans tous les domaines, rythme inesoufflable de la production afin d’accroître une demande toujours plus forte pour une offre toujours à la traîne. L’inversion du paradigme de Smith est le trait qui fait passer le capitalisme industriel à la société de consommation. Les paramètres des économistes jusqu’aux années cinquante, c’est-à-dire les classiques et les néo-classiques de l’économie libérale et du Welfare State sont maintenant dépassés et inadéquats pour la situation socio-économique du monde actuel, et le problème n’est pas de ne pas l’avoir remarqué mais de continuer à le nier tout en faisant comme si les lois d’Adam Smith et de Karl Marx continuaient à gérer l’économie comme avant. En ce sens, nous sommes bien dans un train qui fonce directement sur un mur et des mécaniciens qui ne veulent voir rien venir et continuent à accélérer l’engin. En ce sens, T. S. Eliot avait raison de considérer que l’apocalypse ne procédera pas par une explosion atomique, mais bien par une eschatologie graduelle et silencieuse:
This is the way the world ends
This is the way the world ends
This is the way the world ends
Not with a bang but a whimper.
This is the way the world ends
This is the way the world ends
Not with a bang but a whimper.
Montréal
14 juillet 2011